Avec ses richesses naturelles, le Sahel est un espace tourmenté et convoité


Cette région regorge d’uranium, de pétrole, etc., et les stratégies des pays occidentaux consistent à y sécuriser leurs approvisionnements en matières énergétiques et minérales.

Le Niger, où les deux jeunes Français ont été enlevés avant d’être tués, possède le troisième gisement d’uranium au monde et, comme l’ensemble de la région du Sahel, il est devenu un espace de convoitises. C’est dans ce périmètre, où sévissent les terroristes d’Aqmi, que s’aiguisent les stratégies occidentales pour le contrôle des richesses naturelles : pétrole, gaz, or, phosphate, diamants, cuivre, fer, charbon, nickel, zinc, bauxite, uranium, plutonium, manganèse, cobalt, argent, chrome, étain, sels minéraux. Et les conflits d’intérêts dans la région attisent les appétits des grands groupes internationaux. Outre Areva, premier producteur mondial d’uranium, American Corporation, BHP, Gencor, Ashanti Goldfields, Barrick Gold, Rand Gold sont à pied d’œuvre au Sénégal, au Burkina Faso, au Mali, au Niger et en Mauritanie.

Le contrôle de cet ensemble sahélo-saharien est au cœur des préoccupations de Paris et de ses alliés depuis déjà quelques années. De ce point de vue, l’activisme de l’Aqmi, malgré de réelles menaces, sert d’alibi pour légitimer le discours et la stratégie sécuritaires occidentaux. La France est particulièrement active avec des troupes positionnées dans la région du Sahel ou à proximité. Elle dispose de quatre bases militaires permanentes en Afrique – au Sénégal, au Tchad, en Côte d’Ivoire, au Gabon et à Djibouti –, en plus de sa présence limitée et non permanente dans d’autres pays comme au Cameroun, en Mauritanie, au Burkina Faso et en Centre Afrique.

Quant aux États-Unis, bien que leur présence militaire officielle au Sahel est censée ne pas exister, les câbles diplomatiques récemment dévoilés par WikiLeaks révèlent une autorisation « réticente » de survol accordée par les autorités algériennes à l’US Air Force pour des missions au Sahel contre l’Aqmi. Déjà, dès 2002, les États-Unis avaient lancé l’initiative Pan Sahel et organisent régulièrement des exercices militaires avec les armées des pays du Sahel.

Depuis que l’Aqmi a pris le relais du GSPC algérien, en 2007, l’UE et les États-Unis estiment que les enjeux de sécurité dans cette région ne doivent pas être considérés comme un facteur interne à chaque État, mais appréhendés dans un environnement plus large allant du sud au nord de la Méditerranée. C’est le sens d’un texte adopté par le sommet de l’UE de février 2010, dit de « stratégie de sécurité internationale », mais également de la déclaration du sommet UE-Maroc de Grenade de mars 2010 et du projet AfriCom américain prôné par Washington, dont l’objectif serait ainsi d’installer une base militaire américaine dans la région pour traquer les membres d’al-Qaida au Sahel.

Enregistrer un commentaire

Plus récente Plus ancienne